Ni beaux ni laids

Ni beaux ni laids

Marie

 

Un dimanche de mai, le soleil brille et les oiseaux se chamaillent. Le temps doux se fait complice de mon escapade. Je quitte l’église et je fais un détour pour revoir ses yeux.

 

Assise sagement sur la galerie, Marie récite son chapelet. Ses lèvres n’émettent aucun son. Son regard est triste. Ses grands yeux gris me fascinent. Elle n’a que 8 ans.

 

Marie me semble si fragile. Près d’elle, une vieille dame toute habillée de noir, et à l’air austère, se dirige le dos courbé, à l’intérieur de la maison.

 

Je profite de cet instant pour m’approcher de Marie. Du haut de mes 10 ans, je me sens plus vieux et je lui dis sans hésiter «  Quand je serai grand, je reviendrai te chercher ». Puis, je continue mon chemin. Marie n’a rien répondu.

 

La pauvreté collée à la peau, je n’ai peur de rien. Un jour, Marie sera ma compagne.

 

En moins de 5 ans, Marie a perdu ses parents et ses grands-parents. C’est pourquoi, elle vit maintenant au village avec cette parente éloignée, qui semble surtout, vouloir sauver son âme.

 

Pendant 12 ans, je n’ai jamais oublié ses yeux ni ma promesse.

 

Je suis revenu et je l’ai conduit au pied de l’autel. Marie est devenue mon épouse aux yeux de la loi et de l’Église.

 

Marie m’a donné cinq enfants et elle fut une femme pieuse et dévouée. Malheureusement, je n’ai jamais réussi à ressentir aussi fort son besoin de Dieu. J’avais d’autres besoins, d’autres misères, d’autres désirs. J’ai tenté d’échapper aux démons de l’enfer.

 

Je pense que Marie vit maintenant, dans sa Lumière, et moi, je suis toujours en enfer.

 

 



29/04/2011
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