Ni beaux ni laids

Ni beaux ni laids

Lien affectif


Lorsque nous arrivions à la Maison Rose, mon cœur cognait si fort que j’avais

 

l’impression que tout le monde pouvait l’entendre. Je voyais grand-papa

 

derrière la grande vitrine qui se berçait en nous attendant. Grand-maman

 

s’affairait dans la cuisine. Dès que j’entrais dans la maison, je plissais mon

 

nez et ça sentait toujours le bon café puis, je m’élançais vers cet homme qui

 

me paraissait une montagne de roc indestructible. J’ai gardé très longtemps ce

 

besoin physique de sauter au cou de mon grand-père. J’avais vécu parmi eux les

 

quatre premières années de ma vie et personne n’a réussi à briser ce lien

 

affectif.

 

Grand-père racontait:

 

-      
Que je me traînais par terre comme une

petite écrevisse

     
Que j’aimais sucer le bout de sa viande...

 

 Et moi, j’affectionnais plus que tout,  ces moments de complicité entre mon

 

grand-père et moi.

 


La maison en briques roses était aussi un lieu de rencontre pour jouer aux cartes

 

et faire de la musique. Je ne suis pas certaine d’avoir accepté de quitter cette demeure.

 

Plus tard, lorsque je verrai mon grand-père paternel vaciller sous le poids de la

 

maladie, je m’écroulerai comme ces ballons multicolores qui crèvent tout à coup

 

et qui font sursauter les enfants pendant les jours de fête.

 


Quant à ma grand-mère paternelle, elle fait figure de stabilité et j’ai toujours

 

senti son affection. Elle est morte comme elle a vécu je crois. Elle s’est

 

couchée et elle ne s’est pas réveillée le lendemain matin. Elle avait 94 ans.

 



03/04/2012
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