Ni beaux ni laids

Ni beaux ni laids

Laurie

 

Assise sur un rocher, Laurie scrute l'horizon. Ses yeux se rétrécissent pour mieux saisir la ligne entre le ciel et la terre.

Immobile, son souffle se mêle à celui du vent. Laurie écoute l'écho de son cœur.

Le soleil se courbe à ses pieds comme un grand seigneur. Les nuages ressemblent à des petits moutons venus de nulle part. Ils sont là, simplement.

Ce chef d'œuvre trouve son reflet dans les prunelles sombres de Laurie.

Puis, doucement, Laurie se lève. Frissonnante et légère dans la brise du vent, elle se couche sur le dos, à même le sol. Étendue, elle sent les racines de la terre, enrouler ses membres. Comme une gerbe de blé, les derniers rayons du soleil la réchauffent. Elle hume l'odeur de la prairie. Ça sent bon la terre. Ça sent bon la vie. Ça sent bon l'amour.

Chaque jour, Laurie se donne rendez-vous sur cette pierre. Selon son humeur, le peintre du jour, modifie la fresque. Une lune effrontée, des moutons dispersés, regroupés ou absents. Laurie goûte la terre, goûte la vie et goûte l'amour.

Les jours de pluie, Laurie défait sa longue chevelure. La tête renversée, le corps cambré, elle étend les bras pour embrasser ces gouttelettes. Les perles de pluie glissent sur le visage et le corps de Laurie.

À l'hiver de sa vie, la neige a coloré les cheveux de Laurie. Couchée près de son rocher, la neige a fait un linceul de lin blanc. Personne ne retrouve Laurie.

Plusieurs années s'écoulent. Le buste de Laurie s'est sculpté dans la pierre. Partout, on chuchote sur cette Laurie venue sur terre, pour admirer la ligne d'horizon entre le ciel et la terre.

 

 



31/03/2011
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