Ni beaux ni laids

Dans le bois près du château de la déesse Flora naquit des centaines de marguerites

brodées de longs pétales blancs. Zéphyr, le vent, qui aimait d’un amour

démesuré son épouse Flora, lui avait offert le printemps éternel. Les petites

fleurettes au cœur jaune entendaient au loin la musique et la danse de tous les

invités princiers qui vénéraient la beauté de Flora la belle à la tête

couronnée de fleurs.

Un peu plus en retrait, une minuscule marguerite avait ouvert les yeux sur le

monde, mais heureusement pour elle, la déesse Fortuna l’avait pris sous son

aile protectrice et lui prodigua une destinée digne des fleurs les plus prisées

de toute la Cour.

Un jour, un jeune prince qui se promenait solitaire, tomba sous le charme

de cette minuscule fleur toute simple. Il la prit soigneusement

entre ses doigts, écartela ses pétales et murmura «  Je t’aime un peu,

beaucoup, passionnément ...

Ému au plus profond de son être, cet héritier au sang royal détacha sa

marguerite avec amour et la porta à sa boutonnière. C’est ainsi qu'une

simple marguerite des champs devint la favorite d’un roi qui continua

toute sa vie à la garder près de son cœur.

On raconte qu’à la mort de ce roi que personne ne revit au château de Flora, que

l’on enterra ce poète, roi et amoureux avec celle qu'il avait choisie près d'un

siècle auparavant.

FFA 00051195