Ni beaux ni laids

Ni beaux ni laids

Le journal intime de la Vieille chaise.

 


Jadis, j’étais jeune, belle et naturelle, fabriquée par un artisan, je siégeais comme


une reine dans la maison.  Dès les premiers vagissements d'un bébé, je m'inclinais sans poser de

 

 question et je me berçais tout doucement. En après-midi, je restais silencieuse comme une statue

 

 pour ne pas perturber la sieste de grand-père. Le tricot encore à la main, grand-maman surprise par

 

 la fatigue avait sombré dans un léger sommeil sans rêve.

 
Par les nuits froides hivernales, je me faisais caressante et chaleureuse près du


foyer et certains jours, je trompais l’ennui et les attentes devant la grande fenêtre. Grand-père fier et

 

 droit, attendait sa belle visite. Il m'arrivait également de laisser les esprits vagabonder et de ne plus

 

penser à rien.J'étais désirée et parfois, certaines règles devaient être fixées pour que chaque membre

 

 de la famille puisse profiter de les largesses.


 

 

Les années se sont écoulées et les fissures sont apparues sur mon beau bois tout blond, mais j'ai

 

 reçu un vernis transparent pour me restaurer.Ma mission de bercer, d'endormir, de réconforter ou

 

 d'alléger la solitude s'est dissipée avec l'arrivée de la nouveauté.Aujourd'hui, je décore humblement

 

 une grande chambre avec d'autres meubles qui appartiennent surtout au passé.


 



21/08/2011
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