Ni beaux ni laids

Ce texte se veut une réflexion sur mon expérience de mère et

d’intervenante auprès des jeunes filles en milieu d’accueil. Les adultes

associent souvent le phénomène de l’adolescence aux problèmes de drogue,

d’alcool, de fréquentations, de sexe et de délinquance. Inquiets de leur

progéniture, les parents trouvent difficile que leur jeune n’adopte pas

toujours les solutions proposées, leurs conseils et ils anticipent pour eux les

problèmes futurs. Ils oublient leur propre rêve d’être reconnu comme être

humain valable, leur recherche d’autonomie et risquent d’abimer par maladresse

leur potentiel créateur.

Pourtant, au-delà de la pensée magique, l’adolescent a le désir de s'acualiser.

Il cherche un sens à sa vie et nous demande sans cesse de saisir les

messages qu’il nous lance à travers l’image qu’il projette.

Dans cette recherche de lui-même, l’adolescent s’interroge,

s’oppose, se conforme et se blesse. Il n’est pas toujours satisfait, car il est

en quête de la vérité absolue. Il découvre très tôt notre faiblesse, notre

incohérence, mais il enracine doucement notre richesse spirituelle et notre

amour. Il a besoin de nous confronter pour mieux se distancer comme il a besoin

de temps pour nous retrouver à la phase adulte.

Certains adolescents sont plus excessifs que d’autres pour dénoncer les

contradictions de la société, clamer leurs revendications et traduire leur

ambivalence. Ils aspirent à une autonomie, cherchent à trouver

des valeurs, des croyances, un sens à la vie, à la mort, à la famille et ainsi

découvrir leur propre identité. Leur désir de s’affirmer se traduit fréquemment

par de l’opposition et même leur passivité peut cacher une agressivité

refoulée. Ces jeunes affrontent la vie avec leurs peurs, leurs doutes et leurs

incertitudes. Ils nous demandent de les accepter et de les comprendre à travers

leur incompréhension d’eux-mêmes.

FFA 00051195